Les éditeurs vous le diront, il est aujourd'hui très difficile d'imposer une nouvelle licence auprès d'un public habitué à retrouver de manière annuelle ou presque des franchises connues.
Gears of War fait pourtant partie des exceptions, la licence d'
Epic Games étant parvenue en l'espace d'une génération à s'imposer comme l'une des plus grosses exclusivité de la Xbox 360, la plaçant sans mal à coté d'un
Halo en terme de ventes. Et comme le veut la règle, une grosse licence se doit d'arriver à boucler au moins une trilogie, si possible de manière à mettre tout le monde d'accord. Voyons cela.
Tout ce qui a un début à une fin, comme dirait l'autre. Ce dernier épisode de la trilogie dédiée à Marcus Phoenix (selon les dires du créateur de la saga) démarre assez mal, scénaristiquement parlant. Le monde est un vaste champ de ruine, les dégâts causés durant les deux premiers épisodes n'ayant pas servi à grand-chose puisque la menace Locuste reste toujours d'actualité, ce qui serait une affaire de routine s'il n'y avait pas maintenant les Lambents pour faire encore plus de ravage. Coté personnages, ce n'est pas non plus la grande joie. Les parias détestaient la CGU ? C'est devenu pire depuis qu'on a fait sauter Jacinto, dernier recoin qui ressemblait encore à quelque chose proche d'une civilisation. Et si Cole et Baird brillent toujours par leur bonne humeur, c'est loin d'être le cas de Dom, qui essaye de surmonter la mort de sa femme, et Marcus, toujours hanté par les souvenirs de son père. Et tiens justement, comme le laissait entendre la fin du second épisode, le paternel en question est toujours en vie ! Quelques échanges de tirs et un gros boss plus tard, l'objectif est mis en place : retrouver et sauver par tous les moyens Adam Phoenix, qui pourrait détenir à lui seul le moyen de détruire l'adversaire.
Qu'on soit fan ou non de la saga, on ne peut décemment dire que
Gears of War 3 crée la surprise en révolutionnant quoi que ce soit dans sa progression ou son gameplay. On reste dans du TPS burné, ce qui est une bonne nouvelle en soi. L'aventure principal est toujours découpé en cinq actes, eux-mêmes scindés en plusieurs chapitres qui on l'avouera ne sont pas de qualité égal en terme de rythme. Si l'ensemble se place tout de même dans le haut du panier face à la concurrence, le manque de surprise pour les habitués se fait un peu ressentir en début de partie, probablement à cause de situations plus ou moins identiques dans le gameplay, et surtout un bestiaire assez semblable. Les lambents n'étant que des mutations de locustes, hormis quelques bestioles, on retrouve donc l'essentiel des ennemis proposés dans les deux premiers opus, à ceci près qu'ils nous explosent maintenant à la face après quelques tirs. On appréciera tout de même quelques ennemis surprenants lors de l'Acte III, changeant radicalement l'ambiance (on évitera de spoilers par contre), et surtout la présence importante de boss, comme ce Berserker version Lambents qui posera quelques problèmes aux joueurs manquant dextérité.
Plus longue que d'habitude, cette campagne d'une bonne dizaine d'heures reste suffisamment carrée pour ne jamais être répétitive à aucun moment. Les phases d'action s'enchaînent à un rythme effréné et si quelques pauses sont à noter pour les besoins du scénario, on sent lentement mais sûrement monter la sauce jusqu'au chapitre final juste incroyable.
Gears of War n'a de toute manière jamais fait dans la finesse et ce troisième épisode le prouve d'autant plus déjà par le coté gore encore plus prononcé, et surtout un armement qui a droit à quelques nouveautés à faire fuir un Sam Fisher, du genre le fusil à canon scié d'une puissance rare mais au rechargement bien long, le Digger capable d'envoyer des grenades souterraines (et donc capable de toucher un ennemi planqué derrière un mur) ou encore le One-Shot qui, comme son nom l'indique si bien, pourra vous débarrasser de quasiment n'importe quel ennemi en une balle, pour peu que vous visiez juste. Les grenades ont de leurs cotés subit quelques modifications en explosant dorénavant un peu plus vite, avec une mention pour la grenade fumigène qui pour le coup, nous plonge véritablement dans le brouillard total. Très utile en multi. On rajoutera le Fendoir en arme au corps-à-corps et surtout le Silverback, sorte de mécha qu'on pourra chopper de temps à autre et qui s'avère suffisamment large pour servir de couverture aux camarades se trouvant juste derrière vous.
Les consoles de génération actuelle commençant à arriver en bout de course, on n'attendait pas forcément
Gears of War 3 sur la partie technique mais il s'avère que les gars d'
Epic Games ont réussi un nouveau tour de force avec le pourtant vieillissant moteur Unreal Engine 3. C'est bien simple : on a affaire à l'un des plus beaux jeux existants, tous supports confondus, que ce soit dans les effets, la gestion de lumière, la modélisation des personnages et ennemis, les décors ou l'animation. Tout est quasiment parfait mais on notera tout de même de très rares problèmes d'affichage de textures (ça nous est personnellement arrivé deux fois sur l'ensemble de la campagne), quelques habituels ralentissements à chaque checkpoints et une synchronisation labiale vraiment à l'ouest, le jeu étant évidemment doublé en français, de bonne qualité d'ailleurs. A ce propos, les détracteurs auront une nouvelle fois l'occasion de pointer du doigt les dialogues généralement aussi bourrins que le gameplay, ce détail restant une affaire de goût, surtout que l'humour est toujours au rendez-vous.
On revient du coté de la campagne qui, si elle s'avère plus longue que les précédents épisodes comme on l'a dit plus haut, offre également une bonne replay-value. En plus du mode de difficulté « Dément » et du mode coopération (pour la première fois jouable à quatre en ligne), on trouve la présence d'une variante : l'Arcade. Le principe reste plus ou moins proche de celui de
Halo Reach pour ne citer que lui, où on revivra les différents moments de la campagne avec cette fois l'affichage d'un score, évidemment sujet aux multiplicateurs en fonction de nos actions. Comme avec les crânes du jeu précité, on pourra rajouter quelques options (dont l'obligation de faire des rechargements parfaits) pour là encore nous permettre d'engranger un maximum de points et ensuite comparer nos performances via un classement mondial, ou tout simplement par rapport à nos amis. Question d'ego, tout ça...
Mais ce qui permettra à la galette de squatter notre console pendant encore quelques mois reste sans conteste le multijoueurs, encore plus complet qu'avant. De base, on retrouve donc dix maps (dont certaines déjà connues mais légérement modifiées), en attendant tout un tas de nouvelles à venir via les DLC d'ores et déjà annoncés. L'essentiel des modes ne changera pas non plus nos habitudes avec Zone de Guerre (du deathmatch), Execution (même chose mais avec exécutions obligatoires pour achever l'ennemi), Ailier (deathmatch avec quatre équipes de deux joueurs) et Roi de la Colline. Deux nouveautés à signaler, avec tout d'abord Capture du Leader, équivalent au Leader du précédent opus à ceci près qu'on doit maintenant capturer et garder en joue un membre de l'équipe adverse au lieu d'un bots, et Match à Mort, symbolisant (enfin) l'arrivée des multiples vies dans une seule et même manche. Notons qu'en cas de déconnexion précoce d'un équipier, un bot généralement assez balaise viendra le remplacer directement. Enfin, et il s'agit pour le coup de la plus grosse évolution par rapport à
Gears of War 2 : les parties sont maintenant dénuées de lag dans neuf cas sur dix, vous permettant de jouer enfin du fusil à pompe contre des américains, ou à canon scié c'est selon.
Pour varier un peu, sachez que le mode Horde effectue évidemment son retour, imposant toujours cinquante vagues d'ennemis à repousser mais avec tout de même un ajout de taille : le fait de gagner de l'argent à chaque ennemi tué pour ramasser armes et munitions, mais également construire barricades de barbelés et leurres qui, au fur et à mesure des constructions, vous feront gagner de l'expérience dans le domaine pour placer des défenses toujours plus imposantes. Les développeurs ont rajouté du coup une Horde inversée, tout simplement appelée Bestial et consistant cette fois à incarner l'ennemi qui devra détruire les membres de la CGU. Le concept s'avère assez intéressant puisqu'on démarre avec des ennemis de base (locuste classique, voir tickers explosifs), en prenant en compte que plus vous tuerez d'ennemi, plus vous débloquerez de créatures à sélectionner après chaque mort, les plus puissants étant par exemple le Boomer armé de Digger et le Berserker. Petit point faible à signaler : ce mode s'avère un peu plus court que la normale (seulement douze vagues) et se repose finalement sur votre vitesse à le terminer, là encore en vue du classement mondial.
On terminera ce long test par les deux systèmes secondaires que sont les décorations et les médailles. En effet, hormis votre niveau d'expérience qui déterminera le potentiel de vos adversaires en multijoueurs, on trouve deux ordres de classification laissant vibrer une certaine corde chez le joueur un minimum collectionneur. Pour faire simple, les décorations se choppent en accomplissant un exploit en multijoueurs, comme tuer plusieurs ennemis d'affilées, ne pas mourir lors d'une partie, être le membre de l'équipe ayant le plus tué, etc. En tout, plus de 130 décorations à collectionner, en n'oubliant pas que les modes Arcade, Horde et Bestial ont chacun les leurs. Les médailles fonctionnent elles un peu différemment, de la même manière que
Halo Reach encore une fois. Sur les 70, la plupart s'obtiennent au fur et à mesure du nombre de parties jouées, ou du total des ennemis tués avec telle ou telle arme, avec plusieurs paliers pour chacune et un « titre » à placer à coté de notre pseudo pour faire connaître à tous notre talent face à l'adversaire. Les développeurs s'étant amusés à placer un certain succès Sérieux 3.0 (consistant à avoir le niveau 100 et l'ensemble des médailles en rang maximum), nul doute que les fans squatteront les serveurs pour un bout de temps.
Conclusion : Attendu au tournant, surtout après un tel retard,
Gears of War 3 ne déçoit pas, et s'impose sans mal comme le meilleur épisode de la saga grâce à une campagne qui achève parfaitement bien la trilogie, soutenue par un aspect technique au poil et suffisamment de nouveautés pour renouveler l'expérience. Inutile de revenir sur le multijoueurs qui s'avère être l'un des plus complets et motivants qui soit sur cette génération, et on vous laisse courir en magasin acheter votre galette, si ce n'est déjà fait.