Rapidement présenté comme un des fers de lance de la PlayStation 3,
Uncharted : Drake's Fortune fut la preuve que les surprises allaient affluer sur la bête malgré le doublet de déception orchestré par
Lair et
Heavenly Sword. Salué par la critique comme par les joueurs, il aura fallu néanmoins attendre le deuxième épisode pour comprendre qu'on tenait là l'une des licences les plus imposantes de cette génération, tous supports confondus, en partie grâce à l'énorme claque technique et le travail d'orfèvre effectué sur la mise en scène. Difficile de faire mieux avaient parié certains. C'était sans compter sur l'ambition des Dogs et après quelques présentations aussi époustouflantes les unes que les autres et le succès de la bêta multijoueurs, la dernière aventure de Drake est enfin entre nos mains. Ne vous inquiétez pas : test garanti sans spoilers.
Nathan Drake est l'un des héros les plus malchanceux qui soit. Toujours à la recherche de nombreux mystères, ces pérégrinations le mèneront une fois de plus aux quatre coins de la planète en commençant par Londres, entrecoupé de quelques catastrophes prouvant que notre héros est incapable d'utiliser un moyen de transport sans que ce dernier rencontre les plus gros problèmes qui soit. De l'aventure avec un grand A donc, renvoyant Indiana Jones à la retraite et laissant le bon soin à Harisson Ford de se recycler dans la pub, preuve que les temps sont révolus. Ceux qui voudront profiter de la baisse de prix de la PS3 pour se procurer ce troisième opus sans passer par les deux premiers n'auront aucun mal à suivre l'histoire même s'ils manqueront quelques clins d'œils, principalement du coté des protagonistes, les développeurs ayant pris le bon soin de remettre les têtes connues sur le devant de la scène, avec même quelques détails sur le passé de Drake et Sully, mais nous n'en diront pas plus. Le scénario reste en tout cas dans la droit lignée de la série mais l'ensemble offre un aspect bien plus intense qu'à l'accoutumée, au point d'être véritablement plonger dans le background et ne désirer qu'une chose : connaître le dénouement. Renforcé par les musiques d'ambiance toujours aussi agréable, notre pèlerinage nous permettra de mettre de nouveau l'accent sur l'excellent doublage français, ce qui est toujours aussi rare dans le milieu.
Bon, les diverses présentations ont eu le mérite de mettre les choses au point et inutile donc d'y aller par quatre chemins :
Uncharted 3 est une gigantesque claque technique. D'ailleurs, le dire au singulier est presque une erreur tant chaque niveau est l'occasion de se reprendre une baffe au point d'en ressortir la joue démontée une fois la console éteinte. Dire que c'est beau est donc un euphémisme, le titre étant sans conteste l'une des plus belles productions actuelles, faisant même rougir le PC sur certains points et plaçant du coup les gars de
Naughty Dogs comme de véritables magiciens techniques. Même si des litres de sueurs ont dû être nécessaire pour parvenir à ce résultat, on sent que l'équipe a pris un plaisir à toujours aller plus loin dans le spectaculaire, sans se donner la moindre limite. Chaque décors est susceptible de faire office de carte postale par la profondeur de champ offerte, la gestion de l'éclairage et des ombres, et l'avalanche de détails à chaque recoin de niveaux, avec une mention spéciale pour la gestion des flammes et du sable. Du grand art, tout simplement.
Mais au-delà de ça, c'est surtout cette impression d'évolution constante par rapport au second épisode qui se fait ressentir. En image, le jeu ne semble pas avoir évolué tant que ça mais à l'écran et manette en main, le titre nous donne parfois l'impression de jouer au cœur d'une cinématique, tant tout est fait pour nous époustoufler en particulier la physique, et ces nombreux événements (évidemment) scriptés qui apporte sans cesse un aspect vivant à l'entourage quand d'autres titres se contentent d'offrir des décors certes jolis mais incroyablement statiques, comme si tout avait été moulé dans du béton. Des petits détails qui sont connus depuis les deux premiers épisodes, mais qui apportent toujours leurs effets et sont susceptibles de surprendre dans ces moments de « calme ». Et pourtant, le plus gros travail vient de l'animation du héros, à tomber par terre. S'il est agréable de diriger un personnage au comportement aussi naturel, quel joie de voir que les développeurs se sont occupés de parfaire la palette de Drake au fur et à mesure de l'aventure, offrant à chaque niveau ou presque de nouvelles animations tout aussi réussies. En bref, même arrivé à la moitié de l'aventure,
Uncharted 3 est susceptible de continuer à vous surprendre visuellement, le genre de détail qui pousse une fois encore à ne pas lâcher la manette, même à une heure tardive. Ah, et n'oublions pas que le tout est compatible 3D, en offrant juste le meilleur résultat pour un titre PS3. De quoi faire des jaloux si vous avez le matos requis.
Troisième épisode d'une saga centrée sur le grand spectacle, notre intéressé ne prétend pas révolutionner son gameplay. D'ailleurs, il ne le fait à aucun moment mais vu que ça reste toujours aussi efficace, on ne s'en plaindra pas vraiment. On notera que les mouvements de Drake sont un peu plus souples, mais que le personnage semble toujours glisser sur certains décors, et qu'on manquera un peu de précision dans les endroits étroits mais rien de vraiment grave. Bon, il y a tout de même quelques différences dans un soucis de perfectionnement, comme des combats au corps-à-corps bien plus pêchus que par le passé, où Drake n'hésitera pas à utiliser n'importe quel objet qui l'entoure pour faire souffrir ses opposants, du pot de fleur à la porte de frigo, qu'importe tant que ça fait mal. Pour le reste, on garde toujours un mixe parfait entre action (plus nerveuse), plateforme (plus poussée grâce à davantage de points d'accroche) et énigmes, ces dernières étant généralement assez simples, juste un poil plus dures que dans les deux premiers (et un peu plus nombreuses aussi) mais demandant surtout de faire preuve d'un certain sens de l'observation pour s'en sortir sans trop de difficulté.
Cette absence de véritable évolution n'est donc pas si péjorative, car la mise en scène de certaines situations offre suffisamment de renouvellement pour éviter de s'ennuyer tout au long de l'aventure et c'est bien l'essentiel. A ce propos, certains reprocheront de nouveau le manque de boss vraiment coriaces. Une simple question de point de vue, l'ambiance se prêtant moyen à des combats un peu fous. Ce n'est pas
God ou
Gears of War quoi... Coté durée de vie, l'aventure nous prendra sans mal une dizaine d'heures en difficulté normale, mais on pourra facilement monter jusqu'à la douzaine pour peu qu'on fouine un peu et qu'on admire le panorama, ce qu'on sera tenté de faire à plus d'une reprise. Le titre offre toujours la possibilité aux plus courageux de gonfler leur ego avec non pas 100 mais 101 trésors à trouver tout au long de l'aventure. Cette dernière étant de toute manière tellement admirable d'un bout à l'autre qu'on s'y replongera avec tout autant de plaisir en rehaussant la difficulté pour en passant récolter quelques trophées supplémentaires.
Tout comme
Uncharted 2, ce troisième épisode se dote évidemment d'un mode multijoueurs. Ceux qui ont touché aux différentes bêta savent à quoi s'attendre, à savoir une évolution reprenant les bases acquises, avec une dizaine de niveaux (11 en fait) diablement réussis et offrant parfois une introduction, sorte de niveau avant le véritable niveau. Si les modes s'avèrent assez classiques (deathmatch, team, objectifs, roi de la colline...), le contenu de chaque partie offre suffisamment de renouvellement pour garantir des parties souvent différentes les unes des autres. Tuer est une routine, mais on prendra par exemple l'arrivée d'un système qui nous reliera au hasard à un coéquipier, nous permettant de réapparaître à ses cotés et de se partager les bonus ramassés, comme les trésors, ces derniers permettant au final de personnaliser un peu plus son personnage, qu'on devra d'ailleurs créer avant de se lancer en ligne, des vêtements à la voix en passant par les poses de victoire.
A l'heure actuelle, on ne s'étonne pas de retrouver les habituelles fonctions d'expérience, de partage de vidéos ou le ralliement à Facebook, pour nous indiquer en un coup d'œil si nos « amis » sont en ligne. Le tout s'avère donc plus attractif que dans le précédent épisode, mais le feeling et la nervosité de l'ensemble restent tout de même légérement en deçà d'un
Gears of War pour ne citer que lui. Toujours dans le comparatif, si la campagne principale se pratiquera obligatoirement en solo, le titre réserve une poignée de niveaux spéciales à pratiquer en coopération de deux à trois joueurs (survie, objectifs, scénario...), ce qui permettra de prolonger encore un peu plus la durée de vie. Enfin, notons que le tout pourra être praticable en écran splitté, même si le résultat sera loin d'être convaincant avec un écran qui donne davantage l'impression d'être partagé en quatre plutôt qu'en deux, avec deux larges espaces consacrés aux emblèmes.
Conclusion : On pensait avoir tout vu avec Uncharted 2 mais ce troisième épisode parvient à transcender l'expérience en nous emmenant encore plus loin techniquement, au point d'avoir du mal à imaginer ce que pourra offrir la prochaine génération. Quant au reste, les développeurs ayant apporté suffisamment de nouveautés à une formule qui n'avait pourtant pas grand-chose à se reprocher, on peut dire (presque sans surprise) qu'on a affaire à un bijou proche de la perfection. Un obligatoire, et chapeau bas pour les développeurs.